[Livre] Les langages de l’Amour

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Les histoires d’amour commencent bien, en général. Je ne parle pas de la rencontre en elle-même, ni de cette période où l’on se cherche ; je parle des premiers temps du couple. Ces histoires-là commencent bien parce qu’on adore la nouveauté, les débuts. Ils sont pleins de surprises, on se découvre, on s’apprend. On pose des actes, des gestes et des paroles harmonieux ; le sentiment amoureux simplifie tout. Entre euphorie et séduction, l’envie de plaire à l’autre nous guide. Mais un jour, les choses changent. Parce qu’il faut bien redescendre sur terre, mettre le couple à l’épreuve du quotidien. La routine s’immisce, les habitudes de chacun reprennent le dessus. Les naturels s’éveillent, et avec eux, les langages d’Amour respectifs.

Aujourd’hui, j’aimerais parler de ces langages, car je crois sincèrement qu’ils peuvent faire durer un couple, voire le sauver. Je les ai découverts dans le livre de Chapmann, un conseiller, qui n’innove pas, mais se contente de mettre le doigt sur une évidence à laquelle on ne pensait pas : dans un couple, nous sommes différents, et notre façon d’aimer aussi. Ce qui est acquis pour nous ne l’est pas forcément pour l’autre, et parfois, l’amour qu’on donne ou qu’on attend n’est pas adapté à son fonctionnement. C’est là la racine de tous les reproches futurs et frustrations : on ne se sent plus aimé de l’autre, ou inversement, parce qu’on ne parle pas la même langue amoureuse.

Voici donc les cinq langages de l’amour, ou comment révolutionner une vie sentimentale.

Psychologie amoureuse

Développement de notre langage d’amour

Quand on est enfant, on construit ce qu’on appelle « sa structure émotionnelle ». Elle est le résultat de l’éducation qu’on reçoit, de notre rapport à nos parents. C’est donc dans la cellule familiale qu’on apprend ce qu’est l’amour, que l’on s’en fait une image.

Et, puisque chaque éducation est unique, chaque vision l’est aussi. Ce qui peut paraître compliqué, car ça signifie qu’il existe autant de perceptions de l’Amour que d’individus.

Mais Chapmann, fort de son expérience de conseiller conjugal, a identifié cinq grands langages universels ; de grandes catégories de langages dans lesquelles tous se regroupent. Un peu comme le français, le portugais, l’espagnol, etc. se regroupent autour du latin.

Chacune de ces image exprime un langage d’amour différent. Lequel ?

Les 5 langages de l’Amour

Pour certains d’entre nous, l’Amour se donne et se reçoit essentiellement par les mots.
C’est en disant ou en recevant des paroles encourageantes, aimables et humbles qu’on prouve qu’on aime, et qu’on se sait aimés.
Le pouvoir de ces paroles, c’est la bonne estime de soi qu’elles apportent ; elles sont constructrices, aident à développer son plein potentiel.
Surtout, elles favorisent l’intimité, la base du couple.

Pour d’autres, l’Amour se donne et se reçoit uniquement lorsqu’il se vit. Temps donné n’est jamais repris ; c’est la seule preuve d’amour qui vaille. Il implique un don sans partage : un moment où l’attention accordée est totale. Mais il est également simple, puisque le contexte lui-même a peu d’importance – que ce soit devant un film, sur une plage ou dans le métro, ce qui compte pour ceux qui parlent ce langage, c’est la connexion émotionnelle, plus que l’activité.
Ce langage est le plus exigeant et difficile de tous, surtout pour celui qui aime quelqu’un qui le parle et qui doit s’adapter. Parler le langage des services rendus, c’est attendre et donner des preuves d’amour pragmatiques, toujours basées sur l’effort : si tu m’aimes, tu dois me décharger de certaines tâches. Il faut donc (beaucoup) de patience, d’investissement, de réflexion, de temps, d’énergie, bref, beaucoup donner de soi.
Bon, d’accord, on aime tous recevoir des cadeaux. Ça fait toujours plaisir, puis c’est culturel, depuis petit on est habitués à en faire et à en recevoir. Mais pour certains, ils vont au-delà : ils sont l’unique façon d’exprimer l’amour. Pourquoi ? Car pour eux, les cadeaux matérialisent l’amour ; ils ont besoin de voir pour croire qu’ils sont aimés.

Toucher va de soi pour exprimer l’Amour. Prendre quelqu’un dans ses bras pour le consoler, le désir physique quand quelqu’un nous plaît. D’ailleurs, je t’arrête tout de suite : aimer le sexe et être demandeur ne font pas du toucher le langage d’amour de quelqu’un. C’est un peu plus subtil, en réalité. Parler le toucher, c’est être dans la logique « mon corps, c’est moi, et quand on me touche, c’est tout mon être qu’on atteint ». C’est donc être très tactile tout le temps, même en dehors de la sexualité, et réclamer le toucher de l’autre, à défaut de se sentir rejeter « dans tout son être. »

Sauver son couple

Identifier le (vrai) problème 

« Puis un jour, quelque chose a changé. Il m’aimait toujours avec ses mots et par ses gestes, mais il n’était jamais là quand j’en avais besoin. J’ai essayé de lui en parler ; il n’a pas compris. S’il m’aimait vraiment, il ferait des efforts, il serait plus disponible pour moi. C’est peut-être le début de la fin, peut-être qu’il commence à ne plus m’aimer ? Parce qu’au début il le faisait ; oui au début c’était bien. Alors je sais qu’il est capable de changer. S’il ne le fait pas, c’est que quelque part, il ne le veut pas. Et s’il ne le veut pas… »

Cette plainte est banale ; elle peut même se décliner. Elle se sent délaissée, mais aurait tout aussi bien pu parler des cadeaux qu’elle ne reçoit pas, ou des compliments et mots gentils qu’elle n’entend jamais. Frustrée, elle enchaîne alors les reproches ; des remarques au compte goutte par lesquelles elle exprime un mal-être qu’elle n’identifie pas clairement. Elle a toujours entendu que la communication était la clé du couple, alors elle communique. Mais le message ne passe pas. Le problème, ce n’est pas cet anniversaire où il ne l’a pas accompagnée, ce n’est pas cette soirée où il a passé trop de temps sur son téléphone. Le problème, c’est qu’elle ne se sent pas aimée parce qu’ils ne partagent pas de moments de qualité.
Il se défend, dit l’aimer, qu’elle est la meilleure, etc.
« Mais si tu m’aimes alors pourquoi tu ne fais pas ça ? » elle fait remarquer.
Mais cette remarque n’a aucun sens pour lui, puisque dans sa perception l’amour, il n’y a pas de lien entre l’amour et les moments de qualité.
Son langage d’amour à lui, il l’applique : les paroles valorisantes.
Un échange sourd, donc, où tous deux parlent une langue étrangère sans le savoir, et reprochent à l’autre sa mauvaise foi.

Si chacun avait conscience de ça, alors ils trouveraient une solution pour se comprendre mutuellement, ainsi que l’origine du décalage qui s’est créé entre eux.
Ils mettraient le curseur au bon endroit, pointeraient le bon problème, et investiraient leurs efforts dans quelque chose de concret et pertinent.

Devenir bilingue

J’expliquais il y a peu que l’Amour, le vrai, nécessite des efforts ; qu’on ne célèbre pas 50 ans de mariage en enfilant des perles. Ainsi, le premier, le plus gros, le plus indispensable et efficace de tous les efforts, c’est celui-ci : apprendre la langue de l’autre. Comme on apprend une langue étrangère.
Comprendre que celui ou celle qu’on aime n’a pas la même que nous, et accepter de se mettre à son école pour avancer ensemble.
Mais ne grillons pas les étapes. Car avant d’apprendre le langage de l’Amour de l’autre, il faut identifier son propre langage. C’est une façon de mieux se connaître soi, de se comprendre, mais aussi d’être capable d’exprimer ses besoins clairement. La relation de couple sera instantanément meilleure si l’on cesse les reproches redondants ; car c’est un fait, nos petits pics et remarques sont toujours les mêmes, ils peuvent changent de forme, mais pas de fond. Ils décrient tous cette frustration que créer l’autre en nous quand il fait ou ne fait pas ce dont on a besoin pour se sentir aimé(e). La deuxième étape, c’est d’identifier son langage d’amour ; car ce qui est valable pour nous l’est aussi pour lui. Pour qu’il se sente aimer, il faut lui exprimer l’amour dans le langage qu’il comprend. Enfin, une fois que tout est clair, reste la mise en pratique : faire ce qui parle à l’autre. C’est la réalité du couple, il faut devenir bilingue pour qu’il marche. Aimer l’autre, c’est accepter cet effort.

langage-amour

Identifier un langage d'amour

Le tien

Découvrir son propre langage d’amour est simple : on sait mieux que personne ce qui nous blesse dans l’attitude de l’autre, et quels sont les gestes dans lesquels on met tout notre cœur.Pour nous aider, quelques questions sont utiles, « qu’est-ce que je fais pour faire comprendre à l’autre que je l’aime », « qu’est-ce j’aimerais qu’il fasse par-dessus tout ? », « dans ce qu’il dit ou fait – ou ne fait pas -qu’est ce qui me blesse ? », « qu’est-ce que je lui réclame le plus souvent ? ».

Le sien

Il y a plusieurs façons de le faire, suivant la relation qu’on a. On peut tout simplement lui demander, lui lister les langages, et l’interroger sur celui dans lequel il se reconnaît. La technique de la liste est également efficace : il suffit de noter tout ce que l’autre nous reproche fréquemment, puis de trouver le point commun.
Dans tous les cas, comme pour identifier son profil ennéagramme, procéder par élimination est une valeur sûre.

Quelques conseils pour maîtriser la langue de l’autre

Aimer quelqu’un qui parle ce langage implique beaucoup de prudence verbale. Pense à soigner la forme de tes propos aussi bien que le fond, et prends l’habitude de formuler des requêtes, non pas des exigences ; ça permettra de maintenir le pied d’égalité entre vous. Émets ton désir sans l’exiger, de sorte que tu places ta confiance dans l’attention et les compétences de l’autre.

Si la personne que tu aimes parle les moments de qualité, lorsque tu es avec elle, ne fais pas 10 000 choses en même temps. Souvent, ces profils ont besoin de parler, car l’intimité s’établit par le dialogue : apprends à l’écouter. Sans interrompre. Surtout pas pour donner ton avis si celui-ci ne t’a pas été demandé. Quand tu parles, parle plutôt de tes émotions, dévoile ce que tu ressens : c’est, en effet, compliqué si ce n’est pas naturel chez toi, mais hé, l’amour, c’est un effort.
Si tu veux, tu peux aussi miser de temps en temps sur des activités diverses, elles permettent de créer une banque de souvenirs.

Oh, toi, tu as tiré le gros lot. Tu as de la chance, car tu aimes quelqu’un qui donne beaucoup de sa personne pour t’aimer et t’être agréable. Mais apprendre son langage va être compliqué : tu vas devoir apprendre à faire preuve de souplesse, de patience, parfois d’abnégation. Tu vas devoir tirer un trait aux schémas que tu as appris dans l’enfance pour en façonner un nouveau, sur le modèle de ton propre couple.
Et n’oublie pas : tout ce que tu fais, aie l’air de le faire en toute liberté, car le cœur du service rendu, c’est que c’est un geste volontaire et gratuit. L’autre doit le percevoir comme tel.

Tu es en couple avec quelqu’un qui parle ce troisième langage d’amour ; tu as de la chance. C’est le plus simple à maîtriser, car tu le fais en partie. Sache juste que ce n’est pas nécessaire d’investir dans des choses coûteuses. Ce qui compte vraiment pour l’autre, c’est l’acte du don. Alors préfère des petites choses, mais fréquemment, que deux grosses à Noel et à l’anniversaire.

La question de la fidélité fait l’unanimité, généralement. Mais si ta moitié par ce cinquième langage, le tromper prend des proportions beaucoup plus dramatiques que dans n’importe quel autre cas. Ne trompe pas, jamais, never. Vraiment. N’oublie pas : le toucher, c’est toucher tout son être. Le tromper, c’est rejet ce qu’il est ; ses émotions sont liées au contact physique. D’ailleurs, ne le repousse pas brutalement quand il devient envahissant, ou un peu collant. Il se sentirait émotionnellement rejeté. Tant que tu peux, prends sur toi ; sinon, parlez-en, et trouvez un terrain d’entente.

Voilà qui est dit.
Communiquer, c’est bien, mais communiquer dans la même langue, c’est mieux ! C’est là la parfaite conclusion. N’oublions pas que vivre avec quelqu’un d’autre implique toujours un temps d’adaptation, la différence fait toujours ça. Il ne faut pas prendre pas peur quand les choses semblent se compliquer, alors qu’avant elles étaient si simples. C’est le tournant commun de toutes les histoires, passer du superficiel (mais beau) sentiment amoureux à l’amour, le Vrai, qui implique un choix : celui de s’investir pour que ça marche, celui de vouloir aimer.

Alors, quel est ton langage d’amour ?

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